QUELLE DEFIANCE, QUELLE MECONNAISSANCE DE NOTRE METIER !

QUELLE DEFIANCE, QUELLE MECONNAISSANCE DE NOTRE METIER !

Publié le 3 novembre 2015

« Vous (le Haut Conseil du Commissariat aux comptes) allez devenir un super ordre des commissaires aux comptes ! » C’est en ces termes que Monsieur Jacques Mézard, sénateur du Cantal, par ailleurs avocat, s’est adressé à Madame Thin, présidente du Haut Conseil du Commissariat aux comptes, au beau milieu de son audition par la Commission des Autorités administratives indépendantes du Sénat, le 30 septembre dernier*

Alain Cheval Expert-comptable commissaire aux comptes et président de France Défi

« Vous (le Haut Conseil du Commissariat aux comptes) allez devenir un super ordre des commissaires aux comptes ! » C’est en ces termes que Monsieur Jacques Mézard, sénateur du Cantal, par ailleurs avocat, s’est adressé à Madame Thin, présidente du Haut Conseil du Commissariat aux comptes, au beau milieu de son audition par la Commission des Autorités administratives indépendantes du Sénat, le 30 septembre dernier*.
Cette affirmation ne manque pas de piquant à l’heure où notre profession bataille pour faire constater l’utilité de nos Compagnies régionales et la nécessité de les conserver à l’occasion de la transposition en droit français des textes européens réformant l’audit légal.
Et d’ajouter : « Madame la Présidente, vous venez de la Cour de cassation. C’est une grande satisfaction que de voir qu’enfin le droit va contrôler le chiffre ! »
Quand donc s’arrêtera cette défiance, voire ce mépris, de certains avocats envers nos professions. Ici il s’agit même d’arrogance. A l’heure de l’interprofessionnalité d’exercice enfin votée à l’été dernier, à quoi riment de tels propos tenus dans un tel cadre institutionnel ? Quelle méconnaissance du métier et du rôle des commissaires aux comptes qui sont ainsi réduits au « chiffre » !
Monsieur le Sénateur, retirez au moins le terme « enfin » de vos propos… et préparez vos auditions… Vous avez balayé d’un effet de manche douze ans de contrôles par le H3C,  sans parler des contrôles par la profession depuis des dizaines d’années auparavant ! D’ailleurs, quelques secondes après, le même sénateur-rapporteur-avocat poursuivait en ces termes : « Vous présidez cette Autorité administrative indépendante, dont, j’en suis navré, je ne connaissais pas l’existence, depuis 2003…».
Soyons clairs, les Commissaires aux comptes sont contrôlés, les experts-comptables sont contrôlés, les notaires sont contrôlés, les administrateurs judiciaires sont contrôlés, les mandataires judiciaires sont contrôlés. Mais… Dites-nous, qui contrôle les avocats ? Même pas les portiques de sécurité à l’entrée des tribunaux !
Une dernière chose, pour rétablir les faits et l’équilibre. Les avocats à l’occasion de la réforme partiellement avortée de l’aide juridictionnelle se sont félicités d’avoir évité d’être « la seule profession qui allait être taxée pour exercer son métier et un service public ». Or, sachez-le, les commissaires aux comptes, eux, sont taxés pour financer leurs contrôles par le H3C, et donc pour pouvoir exercer une mission d’intérêt public, qui crédibilise l’information financière et l’ensemble de la place financière et économique.
Une valeur essentielle lorsqu’il est aujourd’hui plus que jamais coutume de dire : « sans confiance, pas de croissance… »

* Audition de Madame Christine Thin et Monsieur Philippe Steing, respectivement présidente et secrétaire général du Haut Conseil du Commissariat aux comptes, le H3C. Audition de 50 mn au demeurant fort intéressante pour qui se sent concerné par l’audit légal… et à son avenir, visible sur le site du Sénat.

 

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