Ayons de l’ambition pour notre profession !

Ayons de l’ambition pour notre profession !

Publié le 15 mai 2018

«Une méthode brutale, une réforme dangereuse » c’est en ces mots que Jean BOUQUOT, président de la CNCC a résumé le projet de loi PACTE sur le relèvement des seuils du Commissariat aux Comptes dans les PME. Environ 150 000 mandats sont menacés, avec des conséquences inévitables sur l’économie et l’organisation de la profession. Des milliers d’emploi […]

Nathalie MALICET Expert-comptable - Commissaire aux comptes et co-fondatrice d'Anexis

«Une méthode brutale, une réforme dangereuse » c’est en ces mots que Jean BOUQUOT, président de la CNCC a résumé le projet de loi PACTE sur le relèvement des seuils du Commissariat aux Comptes dans les PME.

Environ 150 000 mandats sont menacés, avec des conséquences inévitables sur l’économie et l’organisation de la profession. Des milliers d’emploi vont être supprimés, les perspectives de carrière pour les étudiants engagés dans la filière de l’audit vont se réduire drastiquement, l’exercice professionnel va se concentrer sur quelques centaines cabinets.

L’incompréhension règne chez les professionnels. L’indignation, aussi.

Incompréhension car la profession a su s’adapter aux exigences toujours plus fortes du H3C, aux besoins de l’économie, aux nouveaux contours dessinés par la Réforme Européenne de l’Audit. Incompréhension d’une profession discrète (trop ?), inconnue du grand public, bonne élève de son ministère de tutelle qui n’a pas hésité à l’abandonner.

Indignation car le rapport de l’IGF dédaigne les Commissaires aux Comptes… Inutiles, inefficaces, les Commissaires aux Comptes n’auraient aucun impact positif pour les PME. Indignation d’une profession, prise au piège de l’intérêt général sacrifié sur l’autel de la (fausse) simplification.

Brutalisés, les Commissaires aux Comptes entrent en résistance…

Résistance pour s’élever contre ce rapport écrit à charge, soutenant des contre-vérités au mépris des personnes qui ont été entendues.

Résistance exprimée dans les médias, dans les réseaux sociaux : appel à témoigner son soutien aux CAC, appel à signer des pétitions, appel à manifester.

Les présidents et les élus des CRCC ont multiplié les entretiens avec les élus locaux, rencontré les journalistes, publié des articles. Les rendez vous entre le cabinet de Mr LE MAIRE et les représentants de la CNCC se sont succédés. Les jeunes de la profession ont témoigné leur inquiétude et dénoncé la mise à mort de l’audit.

Mais la ligne n’a pas bougé. Les seuils seront relevés au niveau européen pour soulager des millions de PME du poids insupportable de l’audit, dixit Mr LEMAIRE au micro de RMC.

La profession s’insurge, dénonce ces effets d’annonce, ces mensonges éhontés, ces évaluations approximatives. « La base » s’agite, s’inquiète, s’interroge … Les arguments de défense ont-ils été suffisamment présentés et expliqués ? Pourquoi cette attaque contre les commissaires aux comptes ?

Certains semblent oublier les multiples offensives qu’a subies la profession ces 10 dernières années (LME, alignement des seuils des SAS sur les SARL, réduction de la durée du mandat, etc…).

Certains oublient la NBE ; cette norme de bon exercice qui incite les Commissaires aux Comptes à communiquer avec leurs clients.

Certains oublient le pack ambassadeur ; cette boite à outils qui invite les Commissaires aux Comptes à « casser la routine ».

Pour ne citer que ces deux exemples, la CNCC a tenté d’alerter les confrères sur la nécessité de conduire leurs missions autrement …

Peut-être aurait il fallu, de nous-même, proposer une alternative aux seuils, des critères plus pertinents et plus lisibles ?

Jusqu’à présent, la profession a su résister aux remises en cause.

Mais aujourd’hui le contexte politique a changé. Désormais, le gouvernement fait ce qu’il dit (ou presque …). C’est à prendre ou …à prendre.

Oui, la résistance est nécessaire. Mais est-elle suffisante ? Non.

Il est temps d’entrer en résilience.

Le relèvement des seuils est acté. Aucun aménagement de la mesure n’est prévu pour les groupes. Il faut l’entendre à défaut de le comprendre.

Oui l’Etat se trompe.

A nous de le prouver ! Il nous faut réinventer l’audit. Nous devons (re)créer notre profession. Quand on n’a plus rien à perdre, on a tout à gagner.

Il nous faut imaginer l’audit de demain ; celui qui est utile à l’économie. Celui qui sécurise cette nouvelle économie digitale. Celui qui crée de la confiance pour les investisseurs. Celui qui fiabilise les bases fiscales et sociales. Celui qui simplifie la vie des chefs d’entreprise.

Nous devons nous faire connaitre pour être reconnu.

La profession ne doit plus être discrète ; elle doit s’afficher. Elle doit être fière de ses valeurs, des services qu’elle rend à l’économie. L’ensemble de ses qualités ne peut se matérialiser qu’au travers d’un label, identifiable par toutes les parties prenantes.

Oui il est temps d’entrer en résilience, temps d’être audacieux, temps de mener notre révolution !

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